L is for the way you look at me
O is for the only one I see
V is very very extraordinary
E is even more than everyone that you adore
L.O.V.E. - Frank Sinatra

Quand j'étais au lycée, je voulais me faire tatouer cette représentation d'Allan A Dale sur l'omoplate gauche.

Maintenant que je suis une vieille pie d'un quart de siècle que les éboueurs appellent "madame" pour vendre leurs calendriers merdiques, j'ai très envie de l'épingler en format grandeur nature sur la porte de ma salle de bain.

Qui sait, peut-être que dans mes vieux jours j'envisagerai de le faire tailler en topiaire dans un cône de buis.

(je l'aime tellement)
 
Let's have a ball and a biscuit sugar
And take our sweet little time about it
Tell everyone in the place just to get out
We'll get clean together
And I'll find a soapbox where I can shout it
Ball And Biscuit - The White Stripes


C'est le plus beau jour de ma vie.
 
Only the crumbliest
Flakiest chocolate, yeah
Taste like chocolate never tasted before
Chocolate - James Blunt

Aujourd'hui, en rentrant du boulot, j'ai eu une furieuse envie de Miel Pops Cracks (déjà en ce moment je carbure au pain de mie tartiné de Cadbury spread) (le Cadubury spread c'est le diable incarné en pâte à tartiner) (les cornes en moins, le chocolat en plus). Je me suis donc arrêtée au Monop' entre deux correspondances de bus, Georgette mon caddie me grignotant le trapèze gauche en couinant, pour en acheter un paquet (si si, il va y avoir un dénouement, promis). Je suis passée à la caisse en visualisant déjà un bol de lait et une cuillère à soupe flotter sous mes yeux ébahis.
Ce n'est qu'arrivée chez moi que je l'ai vue. La pastille.
L'infamie.
La honte.
Le blasphème.

La pastille, donc. Rouge, ronde, qui annonce fièrement que mes céréales chéries ont été soumises à une révision de la recette pour ... Une amélioration nutritionnelle.
En un mot comme en cent, le couperet est tombé. Ils ont allégé les Miel Pops.
Ils ont osé.
Ils ont touché aux enfants.
Par la malepeste.

Aujourd'hui, en rentrant du boulot, j'ai eu une furieuse envie de Miel Pops Cracks. Aujourd'hui, en rentrant du boulot, j'ai dû épancher mon envie irrépressible de Miel Pops Cracks avec une nouvelle recette qui m'a donné la délicieuse impression de manger l'emballage.

...

Heureusement, le pot de Cadbury spread à 581 calories les 100g est encore à moitié plein (à moitié vide maintenant).
God save the fat.
 
Embrasse moi et tais toi
Ne parle plus, ne parle pas
Affligeant, pathétique
Tu n'es pas drôle c'est d'un comique
Pardonne moi, oublie moi
Je ne veux plus, je ne veux pas
Adieu mon prince navrant
Tu es le plus beau mais le plus chiant
Après Minuit - Brigitte

L'une de mes fidèles lectrices (qui ne laisse jamais de trace de son passage, parce que c'est une vieille perverse qui ne fais que regarder par le trou de la serrure sans manifester sa présence impie) (voilà c'est dit), m'a demandé ce matin comment s'était terminée le soap opéra de l'été (vous vous rappelez ?). Comme je n'avais pas envie de lui répondre par sms (c'est chiant de raconter autant de trucs par sms) (en plus je n'arrive pas à me faire au tactile, mon portable est en train de prendre le pouvoir sur mes doigts) (et puis j'étais en train de me brosser les dents, faut pas déconner) et que je me suis dit que peut-être certains et certaines d'entre vous se posaient la même question, voici donc en exclusivité ...

Les Gueux de l'Amour, saison 2

Mais où en étions-nous ? Ah oui, Sandy avait presque écharpé Lyle, flirté bêtement avec Carl sous le nez de Luc, tout en en pinçant en secret pour Jared. Et Harvey avait défrayé la chronique avec ses épanchements épistolaires pour Mary-Jane, tandis que le meilleur ami de Sandy, Andy, cherchait un prétexte pour rompre avec Maya.
Et maintenant ... la suite (fans de Stargate, je vous aime)

Missie a quitté la série (pour des raisons de divergences artistiques, vous en saurez plus en lisant le dernier numéro de Ouhlaladidooonc) (ou pas). Du coup, Dylan a rejoint une caravane de Touaregs, Paolo écope de 49 ans de prison ferme pour proxénétisme et Justin a ouvert un bar gay à Vladivostok.

Sandy n'a plus eu de nouvelles de Lyle (à son grand soulagement, puisqu'elle était au bord de la pulsion meurtrière et qu'il était scientifiquement impossible de la tenir éloignée de tout objet tranchant/piquant/urticant/décapant/coupant/tire-bouchonnant sans l'enfermer en salle capitonnée). Elle a eu des nouvelles de Carl, par contre. Beaucoup de nouvelles, sous formes de sms pleins de lol, de mdr, de smileys qui clignent des n'yeux-n'yeux et d'autres trucs que seule une groupie de 15 ans aurait pu décrypter. Elle a eu beaucoup de mal à lui faire comprendre que non, vraiment, elle ne voulait pas le revoir pour aller plus loin dans leur belle relation, mais non, vraiment pas. Heureusement, le grand Jared s'est bien bidonné de cette histoire et en a profité pour se mettre Sandy dans la poche dans une cuisine sans frigo (dans la poche, j'ai dit ! Bande de pervers !) avant de l'abandonner pour 5 mois et demi d'absence sur un quai de gare. Luc est redevenu un interlocuteur amical tout à fait cordial et toujours aussi adepte de vieilleries 90's groupisantes, Andy n'a toujours pas rompu avec Maya sous le prétexte ô combien fallacieux d'avoir trop de boulot pour se soucier de choses aussi bassement futiles.
En revanche, Harvey a encore frappé. Mary-Jane l'ayant renvoyé vertement avec un râteau faire des pâtés avec sa pelle et son seau, le mécréant s'est dit que ses éclats par courrier marcheraient peut-être avec Sandy, et il lui a donc envoyé une lettre digne d'un serial-killer en puissance qui a empêchée notre héroïne de dormir quand elle l'imaginait l'attendre chaque soir devant sa porte (et a encore donné matière à se poiler à Jared, qui décidément se marre pour un rien). Sandy se demande donc maintenant comment rembarrer Harvey gentiment mais fermement, sachant qu'elle a plusieurs options :
* Missie lui propose de ne pas répondre, et de faire la morte (mais il faut savoir que c'est Missie qui a donné l'adresse de Sandy à Harvey, et qu'elle se sent un peu morveuse aujourd'hui en se rendant compte qu'elle a chié dans la colle).
* La mère de Sandy lui conseille de renvoyer la lettre à son expéditeur.
* Andy suggère de répondre en expliquant que vraiment, Harvey s'est mis le doigt dans l’œil jusqu'au coude.
* Jared propose d'envoyer à Harvey une photo de son cul.
Sandy hésite.

Dans le bénéfice du doute, elle ne se sépare plus de sa bombe lacrymo.
 
You got a piece of me
But it's just a little piece of me
And I don't need anyone
And these days I feel like I'm fading away
Like sometimes when I hear myself on the radio
Have You Seen Me Lately - Counting Crows

Une petite note rapide pour vous mettre au courant des dernières nouveautés sur le blog. Si vous êtes des visiteurs attentifs (c'est-à-dire si vous n'avez rien de mieux à faire que de scruter ma page dans le détail, bande de nerds), vous avez sans doute remarqué deux nouveaux boutons sur la barre de menu du blog (tout en haut, juste en dessous du titre, au-dessus de la bannière, regardez un peu, bande d'assistés !), intitulés "Knit Patrol" et "10 Good Reasons".

Knit Patrol est un second blog, un blog annexe qui commence à prendre vie en parallèle de celui-ci, consacré exclusivement au tricot. Il prend la place de mon blog précédent, hébergé sur overblog, histoire de tout rassembler au même endroit.

10 Good Reasons est une nouvelle section un peu à part, inspirée d'un déballage d'âneries né sur Knit Patrol, visant à exposer en 10 photos 10 arguments à une situation donnée. Je m'efforce de rapatrier au plus vite les deux premiers articles que j'avais composés sur ce sujet, mais c'est long, et je ne dispose pas de beaucoup de temps.

Voilà, c'est tout.

Sinon, aujourd'hui, j'ai commencé la 4ème saison de Fringe, avec un paquet d'Oreo et une crème caramel, et franchement, je suis très désappointée. Peter me manque tellement.
Déjà qu'on me boycotte l'irlandais, m'enlever mon canadien virtuel est une honte.
Et la saison 4 de Private Practice ne me plait pas du tout non plus, je n'arrive à me faire à aucun des couples que les scénaristes ont formés à coups de fléchettes (et vraiment je ne peux plus supporter cette blondasse de Charlotte)
J'espère de tout mon petit cœur de groupie que la nouvelle saison de Supernatural sera plus en adéquation avec mes vieilles attentes de fan en détresse (mais vu la tournure qu'ont prises les choses au sujet de mon Castiel-chouchou, je suis profondément dubitative)

*soupir*

Les séries télé vont ruiner ma vie. Vivement Merlin.
 
Everybody wants to be a cat,
Because a cat's the only cat
Who knows where it's at.
Everybody's pickin' up on that feline beat,
'Cause everything else is obsolete.
O'Malley Wants To Be A Cat - Phil Harris

Aujourd'hui, au lieu de préparer mes cours pour la (longue) journée de demain, j'ai préféré discuter bêtement sur msn avec l'un des colocataires de l'irlandais (maintenant qu'il est loin je vais en profiter pour lui piquer tous ses potes) (en même temps il n'en a que deux que je ne possède pas déjà, puisqu'il n'a en tout que 4 amis et que les deux autres sont déjà des amis communs) (c'est même à cause d'eux qu'on s'est rencontrés). Lui aussi était censé travailler, mais lui aussi a un cheveu digne de Rapunzel dans le creux de la main, du coup on a discuté 3 heures histoire de se trouver des prétextes pour ne rien branler.

Entre autres futilités, on a parlé d'Attila.

Attila, c'est le chat du coloc en question, qui est devenu par expansion le chat d'adoption de l'irlandais et du troisième coloc (faudra que je leur trouve des surnoms plus chouettes, en attendant je vais les classer par ordre chronologique, du coloc au chat (le Jeune Coloc) à l'autre coloc (le Moins Jeune Coloc)).
Attila est beau, blanc avec de longs poils qu'il sème généreusement partout, surtout sur les vêtements noirs. Attila est habile, puisqu'il sait ouvrir les portes et les robinets, ce qui oblige les trois colocs à fermer à clef cuisine et salle de bains quand ils partent pour éviter que ce sale gaspilleur ne fasse exploser leur facture d'eau. Attila a des passes-temps un peu discutables, qui consistent notamment à dormir en pendant lamentablement devant l'écran de la télé comme une vieille chaussette poilue, à manger du sopalin et à voler des objets pour les cacher un peu partout (en plus d'être con, ce chat est kleptomane).

Et ses objets préférés, ce sont les caleçons sales.

Et selon le Jeune Coloc, ses favoris sont ceux de l'irlandais (je préfère ne pas connaître les raisons de cet engouement pour les sous-vêtements sales de celui à qui j'envoie des photos de mon paquet d'Oreo par mms).

Donc, pour consoler Attila du terrible manque qu'il va nécessairement ressentir en passant 5 mois et demi sans pouvoir fourrer son nez dans les restes de l'entrejambe de l'irlandais (ça y est, j'ai plus envie de le revoir), le Jeune Coloc lui a fait du thon. Du vrai thon, avec une vraie sauce, et des vrais petits légumes pour faire comme dans un Dîner Presque Parfait (le Jeune Coloc est un gros geek), un truc que même les gens sans poils qui ne raffolent pas des caleçons sales auraient envie de manger (il m'a montré une photo, c'est beau comme un Modigliani).

Attila a reniflé le thon, la sauce, les légumes, le Modigliani, et a tourné le cul pour aller pendre devant la télé. Le Jeune Coloc et moi, puisque nous n'avions rien d'autre à faire, nous sommes alors longuement interrogés quant aux raisons de ce dédain.
Attila est-il déjà trop triste de l'absence des caleçons de l'irlandais, au point d'en perdre le boire et le manger ?
Est-il possible qu'il ait eu le sentiment que ce plat était trop beau pour lui ?
Ou alors à contrario pas assez beau ?
Trop chaud ?
Trop froid ?
Serait-il malade sans avoir de symptômes visibles ?
Malade du nez ?
De l'estomac ?
Du cœur ?

Et puis soudain, la révélation nous a frappé de plein fouet.

C'est un chat. On s'en fout.

 
Buddy you're a boy make a big noise
Playin' in the street gonna be a big man some day
You got mud on your face
You big disgrace
Kickin' your can all over the place
We Will Rock You - Queen

Hier, alors que le vieux crachin grelotant nous avait tous retranchés, marmousets et sorcières, sous le préau pour éviter la rouille, l'un des poulbots s'est mis à courir sous la pluie, en arborant fièrement le maillot vert flamboyant de l'équipe de rugby d'Irlande et en hurlant, bras levés vers le ciel couleur vieille crasse en hurlant à pleins poumons "vivaaaa Irelaaaaaaaaaaaaaaand !!!". Un poulbot avec des cheveux noirs d'une épaisseur à faire pâlir Jean-Louis David, des yeux bleus comme une carte de crédit et une élégante démarche en canard.

Je me demande si l'irlandais ne m'aurait pas fait un poussin dans le dos.

Lorsque je le lui ai demandé, il a répondu "ouais, c'est pas impossible que j'ai un gosse dans la nature à mon insu, mais je crois plutôt qu'on a piqué mon ADN pour me cloner. Ça expliquerait les fréquentes disparitions de mes brosses à dents."

Bon. Il ne me reste finalement que quelques options :

1) Demander ma mutation dans la classe du-dit poulbot, pour espionner ses (prétendus) parents, en faire mon chouchou, le faire asseoir au premier rang, lui donner des images en carton et lui mettre 20/20 à tous ses devoirs, même ceux où il aura fait plein de pâtés (et croyez-moi, s'il s'agit bien d'un descendant ou d'un clone de l'irlandais, il fera des pâtés)

2) Coincer le-dit poulbot sous mon bras et me barrer en courant rejoindre l'irlandais, prendre le premier avion et aller l'élever quelque part entre la vallée de Katmandou et les rives de la mer Morte.

3) Aller papoter avec sa mère à la sortie, en mode très pro, comme si de rien n'était, et lui demander l'air de rien, entre deux remarques subliminales sur les aléas de la météo, si par hasard elle ne se rappellerait pas d'une partie de jambes en l'air avec un irlandais chevelu il y a une dizaine d'années (pis vraiment, y'a plus de saisons).

4) Faire comme l'irlandais et me foutre royalement de savoir si oui ou non son code génétique se balade dans une école de Home City.

5) Me persuader qu'il ne s'agit que d'une (mal)heureuse coïncidence et arrêter de me faire des films qui me font rire toute seule comme une pintade au milieu de la cour.

J'hésite.
 
Taille-moi les hanches à la hache
J'ai trop mangé de chocolat
Croque moi la peau, s'il-te-plaît
Croque moi les os, s'il le faut
La Femme Chocolat - Olivia Ruiz

L'irlandais m'a fait découvrir les scones tartinés au Cadbury, les Oreo et la Danette-caramel-salé.

On se revoit dans 10 kilos.


(et après on dira que les anglo-saxons ne savent pas ce qui est bon)
 
I'll sing it one last time for you
Then we really have to go
You've been the only thing that's right
In all I've done
And I can barely look at you
But every single time I do
I know we'll make it anywhere
Away from here
Run - Snow Patrol

Quelle semaine étrange. Premiers pas en tailleur et escarpins pour faire bonne impression auprès des parents des poulbots, discours très pro en roue libre, confidences entre amis que je vois trop peu, soirées trop courtes ... Et adieux larmoyants avec l'irlandais qui s'exile en capitale.

L'année dernière, quand j'étais avec ma classe de petite section de maternelle, j'étais un peu agacée par ces mamans qui s'agrippaient au cou de leur progéniture sur le seuil de la classe chaque matin, en couvrant la-dite progéniture de bisous humides d'émotions avant de partir à reculons, les yeux pleins de larmes devant les pleurs de leurs agneaux. J'avais envie de leur dire un peu aigrement de lâcher leurs enfants, de leur faire comprendre que leur attitude ne pouvait pas les aider à supporter la séparation, bien au contraire. De lever les yeux au ciel devant tant d'émotivité teintée de ce qui m'apparaissait comme de la mièvrerie.

La vérité, c'est que les séparations, quelles qu'elles soient, sont toujours des sources de douleur que l'on gère comme on peut, mal, la plupart du temps. Je comprends ces mamans éplorées, ces amoureux baveux, ces amis qui traînent des pieds, ces grands-parents nostalgiques, ces enfants pleurnichards.
J'ai eu une pensée, un peu idiote peut-être, pour la maman de l'irlandais, qui a regardé partir son petit poussin, elle aussi, 15 ans plus tôt, en se forçant à être heureuse pour lui.

Je ne critiquerai plus jamais les mamans collées aux vitres des écoles.
 
You might think your cursed but with so much worse
Is the knowledge that you are
When your cursed with love that is buried so deep
That you can't dig it out of you
When your crystal ball is a towering wall
And the road is a dark book end
You know what remains is what needs maintain
But your temper Is not your friend
My Brothers - Snow Patrol

J'ai un drôle de rapport avec la SNCF. Je m'en rend compte à chaque fois que je prends le train, je suis tiraillée entre une haine tenace qui fait couler une bave enragée sur le tranchant de mes canines de chacal, et une profonde affection qui ferait voler des poneys roses à pois turquoises autour de mon sourire béat. C'est étrange.

La haine, d'abord. Contre la SNCF, qui, même lorsqu'elle n'est pas en grève, trouve des solutions miraculeuses pour te pourrir la vie. Hier, par exemple, alors que j'étais en route pour Big City, mon Ed Hardy sur l'épaule, Mohinder mon iPod dans les oreilles, santiags claquant sur le quai bétonné, le sourire aux lèvres en pensant à cette petite journée paresseuse qui m'attendait sagement. J'avais choisi mon train habituel du samedi-pour-Big-City, celui qui est un peu longuet à cause du délai de la correspondance (une demi-heure à Dino-City où le seul attrait de la gare est un distributeur de sucreries), mais qui arrive à midi à Big City et a le mérite de ne pas partir de Home-City à une heure indécente (le train précédent part à 6h du matin, ça pique quand on a une semaine de boulot dans les papattes, celui-ci décolle à 10h07, c'est tout de même plus confortable). Je n'aurai sans doute pas dû.
A Dino-City, les choses ont commencé à sentir le sapin. Déjà, sueur froide en regardant les panneaux d'horaires, le train pour Big-City n'était pas affiché. Autour de moi, les autres voyageurs commençaient à paniquer un peu. Après moult demandes d'explications auprès du personnel de la gare, le couperet tombe : le train pour Big City a été annulé, et remplacé par ... un car. Soit. Sauf que le car est affiché pour 11h55, pour arriver à Big-City à ... 13h15. Au lieu de 12h11. Argh. Outre le retard, un autre problème se pose pour une grande partie des voyageurs : les correspondances. Le guichetier nous affirme alors que les affichages sont faux, et que le car arrivera à 11h40, pour arriver à Big City une heure plus tard. Bon.
Nous sommes tous plantés comme des poireaux sur une plate-bande sur le parking, à scruter l'horizon grisouillant avec espoir, Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu donc rien venir ?
Non, Anne ne voit rien venir, rien que le goudron qui goudronne, et les pigeons qui pigeonnent.
Ah, si, attendez ! Le voilà ! Un oeil à la montre : 11h58. Le guichetier nous a un peu pris pour des jambons. En plus, oh, mauvaise surprise encore, le car est blindé. Littéralement. Entre malheureux laissés pour compte, nous nous jetons des regards inquiets. Ils vont descendre, tous ces gens, hein ? Hein ? Et ben non. Cinq d'entre nous se retrouvent comme des andouilles sur le parking, le car est plein. J'ai eu de la chance, j'ai réussi à trouver une place, à côté d'un jeune homme tout aussi perdu et perplexe que moi, et d'un haut-parleur qui crachote le commentaire du match de rugby Irlande-Australie (15 à 6 pour l'Irlande yahooooo). Après une discussion houleuse, le fin mot de l'histoire : finalement, les 5 malheureux seront acheminés en taxi. Nous partons enfin. Il est 12h12 (oui, moi aussi j'ai pensé à Obélix à ce moment-là). Après un trajet cahotant qui m'a semblé durer des heures, nous arrivons enfin.
A 13h16. Raaaaaaaaaaah !

Mais le truc qui m'étonne toujours terriblement, c'est que malgré tous ces désagréments, j'aime toujours autant prendre le train. Me poser dans un siège contre une énorme vitre et me laisser emmener à travers la campagne en glissant sur une paire de rails grinçants. Les trajets en train ont quelque chose de romanesque, finalement. j'aime aussi regarder les autres voyageurs, et essayer d'imaginer les raisons qui les ont poussées à monter dans ce wagon. Des étudiants qui rentrent chez les parents avec leurs grosses valises et leurs rires exagérés, de jeunes travailleurs fatigués qui pianotent sur leurs ordinateurs pour ne pas perdre une seconde, un couple rieur qui semble embarqué dans un voyage d'agrément qui fait déjà rêver, et cette jeune fille un peu triste, là, le front pressé contre la vitre, avec ce petit air triste de celle qui vient de voir partir son amoureux. Les voyages en train m'ont toujours réconfortée, même quand j'avais le moral au fin fond des soquettes. Hier n'a pas fait exception. Le paysage n'avait rien de réjouissant pourtant, entre abords de gare tristounets encombrés d'un bric-à-brac terrifiant de morosité et champs où les récoltes récentes n'avaient laissé qu'une vaste étendue de misère dénudée. Mais c'était une de ces fins d'après-midi grises où le soleil semble se réveiller doucement d'une trop longue grasse matinée, en perçant les nuages comme s'il se déshabillait tout doucement, et cherchait à se faire pardonner en emplissant les wagons d'une douce lumière d'un bel or pâle serein. La tendresse de ces rayons calmes et les doux ronronnements du train cahotant ont toujours eu un effet thérapeutique sur moi. Assise sur mon siège tout au fond du wagon, Mohinder crachotant les tendres trémolos de ma chanson du moment (My Brothers, de Snow Patrol, qui va si bien avec les lumières d'automne et les moments contemplatifs), j'ai été prise de l'envie irrationnelle de ne jamais voir ce trajet se terminer, de ne jamais revenir à la routine quotidienne, et de rester pour l'éternité ici, à regarder les moutons dans les champs, les rivières clapotant au fond des ravines, bercée par une guitare et la voix d'un chanteur en Nutella.
Il faut dire qu'elle est affreusement belle, cette chanson, non ?

Pour finir sur une note un peu plus légère, j'ai la joie, la fierté et le bonheur de vous annoncer ... Que je suis passée au Comptoir Irlandais (aller à Big City sans aller au Comptoir Irlandais, c'est comme aller au Louvre sans voir la Joconde, partir en pique-nique sans emmener de nourriture, visiter l'Angleterre sans boire une goutte de thé ... impensable). Du coup, la famille s'est encore agrandie ...
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Déjà, j'ai récupéré le poster publicitaire que j'avais fait mettre de côté, qui embellira à merveille mon appart en combinant mon amour des moutons irlandais multicolores et mon éternelle attente des grandes vacances (bouhouhouhouh c'est loiiin) (et le mouton a très exactement les mêmes lunettes-mouche que moi, qui lui donnent très exactement le même air idiot qu'à moi. C'est un signe.)

Et puis quelques achats, histoire de cumuler des trèfles sur ma carte de fidélité (presque pleine, je tiens le bon bout) :
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Un nouveau sac d'une élégance extrême pour aller à mes cours de guitare en toute gracieuse discrétion, une valisette qui s'est avérée être une boîte à goûter mais que je transformerai en trousse de toilette pour mes produits de beaûûûté (idée qui semble très brillante, puisque l'irlandais a acheté la même pour le même usage), et une boule à neige complètement démentielle pleine de paillettes vertes en forme de trèfles. Voyez plutôt :
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Un calme petit mouton vert à la tronche fendue d'un grand sourire dégoulinant de niaiserie dans une bouboule en verre montée sur un support d'une éclatante sobriété.
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Et hop, on shake un petit coup, et voilà le deuxième effet Kiss Cool, avec des paillettes vertes en forme de trèfles qui vooolent partouut agrouuu.
J'adore. Si Sylar était allé en Irlande, je suis certaine qu'il l'aurait achetée pour sa vieille mère, cette boule à neige.